CLICKBAIT
Clic mortel...
Cela fait maintenant presque un an et demi que je traite de séries et j’ai de plus en plus de mal à faire des choix. J’ai de plus en plus de mal à choisir de quelle série je vais parler ou pas et surtout quand je vais en parler. Il est vrai que lorsque j’ai créé ce site je n’avais pas d’emploi, les salles de sport étaient fermées et du coup j’avais beaucoup plus de temps pour écrire et visionner. Du coup, les articles se font aussi un peu dans l’urgence. Je les travaille beaucoup moins et cela me culpabilise un peu. En effet, même si je ne cherche pas le nombre de clics, j’aime que mes articles soient agréables.
De temps, de nombre de clics, d’urgence et de culpabilité c’est ce dont il va s’agir dans la série de cette semaine : Une série 2.0, dont le titre évoque un phénomène bien connu des Youtubers : Le Clickbait !
Une histoire de famille
Tout commence de façon très banale : une fête d’anniversaire en famille qui tourne à la catastrophe. Pia et Nick se prennent la tête pour une histoire de cadeau d’anniversaire commun pour leur mère. En même temps il faut admettre que Sophia, la femme de Nick, en fait un peu trop face à sa belle mère et est légèrement castratrice comme meuf! Du coup la Pia, elle le fait remarquer à son frère qui en bon canard prend la défense de sa femme et vire sa soeur.
Le lendemain, Pia file à son boulot d’infirmière dans un service de chimio. Elle y retrouve son patient préféré. Celui-ci, hacker et fan de vidéo youtube, lui montre des vidéos de chat pendant qu’elle le pique! Ce jour-là, il tombe sur une vidéo fraichement postée sur laquelle on voit un homme séquestré qui tient une pancarte : Je maltraite les femmes, à 5 000 000 de vues je mourrai! D’un coup, la Pia elle devient plus blanche que tous les cancéreux du service! En effet, le Monsieur de la vidéo n’est autre que Nick, son frère. Ni une, ni deux, elle court alerter sa belle soeur puis la police. Très vite la vidéo devient virale et la vie de Nick est de plus en plus menacée…
Les cinq millions seront-ils atteints? Nick sera-t-il tué? Les allégations de la vidéo sont-elles vraies? Qui est responsable? Ou alors tout ceci n’est il qu’un fake?
Clickbait ou piège à clic!
Que celui qui n’a jamais cliqué sur une vidéo dite glauque lève la main !
Bon je ne vous vois pas mais je pense qu’il doit pas y avoir beaucoup de main levée. En effet on a tous un jour partagé ou cliqué sur un lien qui a fait de nous des voyeurs malsains. Mais ce qui est grave c’est que l’on ne se rend pas forcément compte des conséquences que ce geste que l’on accomplit sans réfléchir peut avoir.
D’ailleurs c’est le partage de la vidéo qui fait qu’elle atterrit sur la tablette du patient de Pia. Le compteur est peu élevé au départ mais il explose et devient exponentiel dès le moment où une célèbre youtubeuse partage le lien avec ses abonnés. Et quand la presse s’en mêle, chacun y va du clic qui rapproche Nick de la mort!
Mais personne ne se rend compte de cela! Pourtant en faisant ça les gens ne pensent pas forcément à mal. Mais depuis l’explosion des réseaux, chacun se croit investi d’une sorte de mission d’information. On partage sans réfléchir des vidéos. On ne se préoccupe pas de la validité des sources. On ne se demande pas si notre visionnage, notre partage vont avoir des conséquences sur la vie des personnes impliquées.
Car ces vidéos sont faites pour que notre curiosité malsaine soit plus forte que notre raison. Les titres sensationnels sont là pour nous faire cliquer encore et encore sans se dire que la vie d’une personne et de ses proches peuvent être bousillées à tout jamais!
Quand la liberté d'expression...
La liberté d’expression sur les réseaux , que les gens revendiquent haut et fort, libère la haine et remplace les discussions de pilier de bar. La différence est que la discussion de pilier de bar n’a aucune chance d’atteindre les personnes concernées. Elle ne fait pas non plus des dommages collatéraux. Les discussions de pilier de bar ne condamnent pas des gens sur des faits rapportés mais non avérés ni corroborés.
Ici, les gens commentent, jugent, insultent Nick sans se demander si la vidéo dit vrai. Certains vont même jusqu’à souhaiter sa mort ! Sophia, même si elle est castratrice et relou, est clouée au pilori de la bien- pensance virtuelle lorsque la presse dévoile qu’elle a eu une liaison extra-conjugale. Les enfants du couple sont harcelés par une horde de journalistes qui ne voient en cette affaire que de l’audience et pour certains un tremplin professionnel. Bref, quelque soit l’issue de cette affaire, la vie de cette famille est détruite à jamais. En effet, NOUS, les personnes parfaites, avons regardé, partagé, commenté une vidéo au nom de notre liberté d’expression.
...nous rend complice de la destruction d'une famille
L’absence de culpabilité dont nous faisons preuve est le pire de tout ca . Car, au lieu de compassion pour cette famille qui vit une angoisse, une véritable apocalypse à laquelle ils n’étaient pas préparés, nous violons ce qu’il reste de l’intimité de celle-ci.
En plus, nous sommes intimement convaincu que l’on contribue à faire éclater la vérité! Pire, nous nous rendons coupable de complicité passive en cooptant l’acte du ravisseur, en condamnant Nick sans aucune preuve. D’ailleurs, à aucun moment, la presse, la police, les internautes partent du principe qu’il soit une victime. Et cette série nous montre tout ça en narrant les évènements sans fard et nous fait ressentir la brutalité des évènements de la même façon dont la famille de Nick les reçoit!
Un montage efficace
Chaque épisode retrace les événements tels qu’ils se sont déroulés à travers les yeux de chaque personnage. On ne suit donc pas les évènements de façon chronologique. Cela peut perturber si l’on est pas habitué à ce genre de gymnastique.
Mais c’est une façon de montrer aussi comment la perception des événements change selon le regard à travers on les vit.
- Nous voyons d’ailleurs à travers ce montage à quel point nous sommes manipulés dans les images que nous recevons.
- Nous nous rendons compte qu’un événement identique est différent selon l’angle dont on nous le montre.
- Nous prenons conscience que nous croyons et avons plus foi en ce que nous montre les réseaux sociaux sur une personne qu’en la personne que l’on a côtoyé réellement!
Et, à travers cette histoire qui débute par un repas de famille tout ce qu’il y a de plus normal, c’est notre façon de percevoir et juger les faits divers qui est pointée du doigt. Cette histoire captivante, nous montre la souffrance que génère la presse et les commentaires sur internet, à une famille dans l’angoisse et l’incompréhension. D’ailleurs le compagnon du journaliste rappelle à l’orde son chéri: “Ton histoire implique de vrais êtres humains tu ne l’as pas oublié quand même”!
Je pense qu’on pourrait tous penser à cette phrase avant de poster un commentaire sur internet. On devrait penser à cet ado qui voit son père se faire traiter de “détraqué qui mériterait de mourir”. En revanche on ne condamne pas celui ou celle qui tient cette caméra! Pourtant quelle preuve avons nous de la véracité des allégations hormis une vidéo sur le darkweb!
Surtout ne pas se mouiller..
Globalement,côté personnages, le réalisateur n’a pas pris trop de risques en respectant bien les quotas de la bien pensance actuelle. Mais la scène où le flic musulman fait son caca nerveux auprès de ses collègues parce qu’on lui fait pas confiance à cause de son origine est peux être de trop. De plus, elle n’apporte pas d’eau au moulin de l’enquête. Quand à Sophia, la femme de Nick qui est noire et se la joue aussi victime, on a envie de la claquer et pas à cause de sa couleur de peau! Ok ce qui lui arrive n’est pas cool. Mais à un moment faut arrêter!
Son homme est traîné dans la boue, juste par des preuves numériques et elle gobe tout sans chercher à le défendre? Elle croit tout ce qu’on lui rapporte sans chercher à savoir si c’est vrai ou pas! Elle se la joue victime de tout le monde : de la presse, de son mari, de sa belle famille, de la police. Pourtant , elle est pas forcément claire la meuf! Ceci dit, si tout est fait pour qu’on prenne l’épouse en pitié et tout est fait pour qu’on prenne le fouille caca black en grippe : du coup ça équilibre!
En revanche, vous ne me ferez pas croire que c’est par hasard que le journaliste et la femme de la victime soient tous les deux noirs…Cela renforce d’ailleurs son côté pourri au vu de la façon dont il traite Sophia. En plus, cela neutralise toute interprétation raciale de l’agressivité du journaliste. Ya pas à dire les USA ont été marqué par l’affaire JOJO et ce spectre va planer encore quelque temps au dessus des scénaristes des séries US.
Voilà je suis trempée, mais je ne suis pas une zemourette je donne juste mon ressenti!
Une série à binge watcher
Encore une série qui se regarde en un après-midi de pluie ! Ça tombe bien on y arrive! J’avoue avoir été très gênée par tout ce qu’elle nous dit de nous, de la société actuelle, de notre façon de voir les choses. Elle nous balance aussi dans la face, que nous ne faisons plus confiance aux personnes telles que nous les connaissons : Nous faisons confiance aux images.
Alors oui il y a des personnes qui ont des double vies mais déjà qui sommes nous pour les juger? Qui sommes-nous pour nous mêler de la vie des autres? Nous pouvons aussi être victime demain d’un individu malveillant qui va se servir de la toile pour ruiner notre vie. Car la famille de Nick, à la base, est tout ce qu’il y a de plus normal. Il s’y passe ce qui se passe dans toutes les familles.
Ok c’est pas franchement rassurant mais elle vaut vraiment la peine d’être vue. Je vous demande de me faire confiance sur ce coup là car je ne spoilerai pas !
Infos séries
Saison :1
Nombres d’épisodes : 8
Année : 2021
Chaine de diffusion : Netflix
Distribution principale:Zoe Kazan (Pia Brewer) Betty Gabriel (Sophie Brewer), Phoenix Raei (Roshan Amir)Abraham Lim (Ben Park),Adrian Grenier(Nick Brewer) Motell G Foster(Curtis Hamilton), Jessie Collins (Emma Beesly)
- Le suspense
- Le montage
- Le manque de finesse dans la bien pensance.